Mardi 6 mars, à 19h, Renaud Girard, journaliste au Figaro, donnera dans le cadre des Mardis du Courrier de Russie une conférence sur le thème : » Les 4 piliers de la diplomatie russe «
Renaud Girard est le chroniqueur de politique internationale du Figaro. Depuis plus de trente ans, il couvre les principaux conflits de la planète en tant que Grand Reporter et correspondant de guerre. Géopoliticien, il enseigne la stratégie à Sciences Po Paris.
« Il faut prendre l’histoire dans ses grandes dimensions. Avec l’arrivée de Vladimir Poutine et du nouveau régime en 2000 ‒ avant, c’est le postcommunisme, c’est le chaos, on ne peut pas parler d’un régime Eltsine ‒, on relève deux phases. La première est très pro-occidentale, Vladimir Poutine aide les Occidentaux, même sur des dossiers qui le rendent sceptique, comme l’Afghanistan. Il dit à Hubert Védrine (ministre français des Affaires étrangères, N.D.L.R.), quand celui-ci lui rend visite en février 2000, qu’il souhaite que l’Europe transmette ses valeurs d’État de droit à la Russie. Il attend alors de l’Europe une sorte de pédagogie. D’ailleurs, la Russie à cette époque entre dans d’innombrables commissions au sein de l’UE. Une coopération avec l’Alliance atlantique est mise en place. Et puis, ce bon climat va dégénérer pour deux raisons : les « révolutions de couleur » et l’extension de l’OTAN à l’Est.
Il est compréhensible que les élites russes soient paranoïaques. Le pays a été envahi à quatre reprises au cours de son histoire moderne: par les Suédois, les Polonais, les Français et les Allemands. Par ailleurs, nul doute que certains organismes aux États-Unis ont participé à ces « révolutions de couleur », voire les ont financées. Mais je ne pense pas du tout qu’ils obéissaient à une stratégie élaborée à la Maison-Blanche. Au passage, on ne peut que constater l’aveuglement stratégique des Américains depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Par exemple, ils n’avaient absolument pas prévu le Printemps de Prague de 1968, que le président Lyndon Johnson qualifiait alors d’« incident de parcours ». Et puis, il n’est pas possible de construire de telles stratégies de déstabilisation. Les Américains ne savent pas faire, personne ne sait le faire à la vérité. En définitive, le problème est que nous ne sommes pas parvenus, comme on dit en anglais, à « adresser » cette paranoïa russe. Si les Russes sentent qu’on les encercle, il faut en tenir compte. Nous n’avons pas su élaborer une diplomatie qui compense ces pulsions paranoïaques. »
Extrait de l’interview donnée au Courrier de Russie par Renaud Girard le 11 décembre 2017
Prix et distinctions
Renaud Girard a reçu plusieurs distinctions pour ses travaux : prix Louis Hachette 1999 pour son reportage sur les réseaux Ben Laden en Albanie ; prix Thucydide de relations internationales en 2001 pour son enquête intitulée « L’inquiétante paralysie des institutions européennes » ; prix Montyon de l’Académie française en 2005 pour son ouvrage Pourquoi ils se battent ? Voyage dans les guerres du Moyen-Orient ; prix Bayeux des correspondants de guerre en 2008 pour son reportage L’OTAN dans le piège afghan à Kandahar. En 2014 l’association des correspondants étrangers en poste à Paris lui décerne son Grand prix de la presse internationale, « pour l’ensemble de sa carrière de grand reporter international et pour l’excellence de ses chroniques internationales ».
Ouvrages publiés récemment :
Le Monde en guerre, cinquante clés pour le comprendre (Montparnasse, Paris, 2016) ;
Quelle diplomatie pour la France ? Prendre les réalités telles qu’elles sont (Le Cerf, Paris, mars 2017).
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