Comité Retail de la CCI France Russie : « La crise offre aussi de nouvelles opportunités »
Le vendredi 30 janvier 2015 s’est tenue une session du Comité Retail de la CCI France Russie dédiée à l’augmentation des prix dans les magasins et à la stratégie de développement pour 2015. Cette session organisée cette fois dans un format fermé a rassemblé une quinzaine de dirigeants de sociétés telles qu’ATAK, AUCHAN, Au nom de la rose, Bourjois, Castorama, CLARINS, Île de beauté, Kiabi, La Redoute, Longchamp, PROMOD, Senoble, Yves Rocher.
Face à la situation économique actuelle, la majorité des retailers ont opté pour une stratégie d’attentisme pour voir comment le contexte général va évoluer au premier trimestre 2015, sans engager d’investissements importants dans de nouveaux projets. Quelques entreprises ont récemment dû fermer certaines boutiques non rentables ; dans le même temps, de nouvelles ouvertures sont prévues pour la plupart d’entre elles en 2015, à Moscou et en régions. Il est important dans ce sens de trouver un juste équilibre entre le volume et le nombre de magasins d’un côté, et la marge, de l’autre. La dévaluation du rouble permet d’ailleurs de renégocier les prix des loyers à la baisse et de revoir les contrats en roubles : suite à la fermeture des magasins, de nouveaux espaces se libèrent à la location, et le commerçant dispose de plus de latitude pour choisir ses points de vente. En ce qui concerne les centres commerciaux, il est évident que le marché est saturé à Moscou, notamment avec quelques ouvertures importantes dernièrement. En conséquence, la construction baisse en ce moment.
Les dirigeants d’entreprises constatent une baisse générale des flux de clientèles dans les centres commerciaux, à quelques exceptions près : des centres commerciaux bénéficiant d’un emplacement privilégié maintiennent une bonne fréquentation, comme par exemple AVIAPARK ouvert en décembre 2014, le plus grand centre commercial en Europe.
Les membres du comité se disent peu impactés par les sanctions touchant l’importation de produits en Russie : ainsi, dans le secteur du food retail, après une courte période de reconfiguration des chaînes logistiques et d’approvisionnement, l’assortiment de produits a évolué, sans pour autant avoir été réduit. Par ailleurs, de nouveaux fournisseurs et de nouveaux produits ont pu être identifiés, notamment de fruits, légumes, poisson et fromages en provenance de Biélorussie, de Suisse, de Turquie ou d’Iran, mais aussi des produits locaux de fournisseurs russes.
En raison de la dépréciation du rouble, la plupart des magasins ont dû augmenter leurs prix de 10-15 % en décembre 2014 et prévoient une augmentation en 2-3 vagues pour 2015, – mais ici, tout dépendra de l’évolution de la situation économique générale et du positionnement des concurrents pour rester compétitifs sur le marché.
Par ailleurs, les résultats des traditionnelles soldes d’hiver se sont avérés assez positifs : en ce moment, le client cherche à économiser sur les produits, et les remises et offres spéciales demeurent attractives.
Plus globalement, le pouvoir d’achat du consommateur russe baisse, et la tendance est à une certaine prudence sur les dépenses : après les achats « conjoncturels » du mois de décembre 2014 (voitures, produits électroménagers et électroniques, etc. – dans le but d’acheter avant l’augmentation des prix), le consommateur se limite désormais aux achats essentiels du quotidien – en particulier l’alimentation, – en comparant les prix chez différentes enseignes. Dans le même temps, le client russe a toujours envie de dépenser, de se faire plaisir, – et dans ce sens, le consommateur russe serait « plus intéressant » pour les retailers que les clients européens plus parcimonieux.
Si plusieurs entreprises ont dû réduire leurs budgets marketing, d’autres en revanche investissent davantage dans la promotion et le service afin d’offrir une meilleure qualité de prestation et de retenir le client. Internet et le e-commerce sont des réservoirs de croissance importants pour le secteur, même si les coûts logistiques y sont élevés, certaines enseignes renonçant au multicanal pour développer un format de retail classique.
Les autres problématiques importantes pour les retailers concernent l’évolution des prix des loyers, la nouvelle législation relative au stockage des données sur le territoire russe qui va impacter les infrastructures IT des entreprises, ainsi que l’état d’esprit actuel du consommateur russe.
Les membres du comité constatent que même si la situation est loin d’être facile en ce moment, tout en étant différente des crises de 1998 ou 2008, – le contexte actuel offre aussi de nouvelles opportunités qu’il faut saisir pour rester et continuer à évoluer sur le marché russe, dont le potentiel reste important pour les entreprises étrangères.
L’ensemble des informations partagées autour de la table ronde resteront confidentielles et sont donc réservées aux membres du Comité, nous remercions les participants pour leur disponibilité et ouverture pour discuter des problématiques communes.
Le Comité Retail est un lieu de rencontre privilégié des dirigeants d’entreprises français et russes, destiné au partage d’information et de savoir-faire autour de thèmes d’actualité.
Plus d’informations : Lidia SOUTORMINA, responsable des comités professionnels, lidia.soutormina@ccifr.ru.