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Le 14 mars dernier, la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe organisait en partenariat avec l’Ambassade de France en Russie et Business France sa 2ème conférence internationale « Secteur agricole : bilan 2016 et perspectives du partenariat franco-russe » qui a rassemblé plus de 150 participants.
Introduit par Pierric BONNARD, directeur Business France Russie et Nicolas DUCRET, directeur général adjoint de la CCI France Russie qui ont tous deux soulignés l’importance fondamentale du secteur agricole, « au cœur de la coopération économique franco-russe », cet événement était modéré par :
- Igor ABAKOUMOV, directeur général du groupe médiatique « Krestianskie Vedomosti » – modérateur
- Katia ROINET, conseillère agricole, Ambassade de France en Russie – co-modératrice
- Natalia CHTYKALO, chef du pôle Agrotech, Business France – co-modératrice
- Lidia SOUTORMINA, directrice adjointe des événements, CCI France Russie – co-modératrice
LE SECTEUR AGRICOLE EN RUSSIE OU LE RETOUR D’UNE CROISSANCE ENCORE FRAGILE
Durant la 1ère session de la conférence, les intervenants ont dressé l’état des lieux de l’agriculture en Russie qui s’affirme de plus en plus comme un secteur d’avenir pour le pays, malgré des faiblesses encore persistantes.
Le retour de la Russie comme acteur global
En 2016, la production agricole a augmenté de 5% en Russie et le pays est devenu le premier exportateur mondial de blé. Comme l’a souligné Daria SNITKO, directrice du Centre des prévisions économiques de Gazprombank, « la Russie est désormais un acteur global du marché agricole ». Le solde commercial de la Russie a longtemps été négatif du fait de l’importance de ses importations mais, selon l’experte, d’ici 4 à 5 ans, le solde devrait devenir positif. Le pays commence en effet à exporter sa production agricole.
Cette montée du secteur est en grande partie due aux contre-sanctions mises en place depuis l’été 2014. « En effet, à l’aide d’une politique dédiée, l’agriculture russe se développe pour tendre peu à peu vers l’autosuffisance alimentaire. », explique Natalia CHTYKALO. Aujourd’hui, « la rentabilité des projets agricoles augmente parfois même plus vite que dans d’autres secteurs d’activité », remarque encore Daria SNITKO.
Les obstacles au développement du secteur agricole
Tout d’abord et comme l’a expliqué Kharon AMERKHANOV, directeur du département élevage et reproduction animale au ministère de l’Agriculture de la Fédération de Russie, le cadre légal qui régit les activités agricoles n’est pas encore assez développé aujourd’hui. A titre d’exemple, il n’existe pas de système moderne d’identification du bétail. Malgré tout, Kharon AMERKHANOV estime que la situation devrait évoluer favorablement au cours des deux années à venir.
Un autre obstacle au développement rapide du secteur agricole russe réside dans le difficile accès aux crédits. Les taux de crédit élevés n’encouragent pas les investisseurs qui considèrent que les risques sont trop grands. Pour remédier à ce problème, Daria SNITKO a annoncé qu’un partenariat avait été mis en place avec le ministère de l’Agriculture pour que « tous les investisseurs puissent bénéficier de crédits à des taux compris entre 1 et 5% ».
Des sous-secteurs aux résultats hétérogènes
Au cours de la 1ère session, les interventions des experts ont également révélé que les différents sous-secteurs de l’agriculture russe connaissaient des résultats hétérogènes. La Russie a désormais atteint l’autosuffisance dans nombre d’entre eux, mais pour d’autres, les résultats ne sont pas suffisants.
Ainsi, les secteurs de l’élevage et de l’industrie de la viande ont connu une croissance très importante. Comme l’a expliqué Youri ZOUBOV, responsable des relations avec les agriculteurs pour Auchan Retail Russie, la production porcine de la Russie lui permet désormais d’être autosuffisante à 80%. Daria SNITKO estime même qu’il existe un fort potentiel pour l’exportation de cette viande, notamment vers la Chine. Le marché est aussi en croissance dans les secteurs des viandes de bœuf et d’agneau. En ce qui concerne la volaille, les volumes exportés ne sont pas encore assez importants mais « le marché est mûr » et en constante progression.
Cependant, d’autres secteurs sont pour l’instant délaissés. C’est notamment le cas de l’industrie laitière. D’après Kharon AMERKHANOV, ce secteur est « invisible », et la production est en chute libre depuis 10 ans. Artem BELOV, directeur exécutif de l’Union nationale des producteurs de lait (Soyouzmoloko) explique à son tour que la production actuelle ne couvre que 70% des besoins pour la transformation. 60% de la production laitière est effectuée dans des fermes modernes quand 40% est encore réalisée par les petits producteurs. Cette dernière est difficile à vendre aux transformateurs et est souvent dédiée à une consommation purement personnelle. Kharon AMERKHANOV et Artem BELOV ont ainsi tous deux souligné qu’un soutien de l’Etat était nécessaire et ce, « aux échelles fédérale, régionale et municipale ».
Malgré tout, le secteur connait de meilleurs rendements depuis 2 ans et pourrait attirer plus d’investisseurs à l’avenir. Les sanctions ont en effet entraîné un effet positif sur la demande et sur la production du beurre et du fromage russes. Philippe NYSSEN, directeur de Grand Laitier a expliqué qu’entre 2013 et 2015, la consommation de lait avait augmenté de 34% en Russie et la consommation de fromages locaux avait connu une hausse de plus de 100%.
LA COOPÉRATION FRANCO-RUSSE : SUCCÈS ET OPPORTUNITÉS
La coopération franco-russe dans le secteur agricole s’est révélée être toujours aussi privilégiée malgré la baisse des échanges entre les deux pays.
Où en est la coopération franco-russe ?
Malgré une coopération franco-russe ancienne dans l’agriculture, le contexte géopolitique a impacté les échanges agricoles qui ont fortement baissé, a souligné Arkadi PONOMAREV, député de la Douma d’Etat, membre du Comité sur les questions agraires, président du Conseil de l’Union russe de l’industrie laitière. Kharon AMERKHANOV, représentant du ministère de l’Agriculture a livré le même constat tout en précisant que la Russie était « prête à coopérer avec les Français, notamment pour l’élevage » et qu’il espérait que les « événements politiques n’empêcheraient pas la collaboration » entre la France et la Russie. Malgré la chute des échanges, les intervenants ont montré qu’il existait un volontarisme politique : Arkadi PONOMAREV estime qu’il est nécessaire « d’approfondir la coopération » et que cela doit notamment passer par la « création de joint-ventures ».
Dans ce contexte, la coopération entre la France et la Russie dans le domaine agricole est vouée à se transformer. Selon Natalia CHTYKALO, « comme tous les fournisseurs européens ont momentanément perdu leur agrément export, même dans le cas d’une levée de l’embargo, il sera difficile de rétablir les anciens liens économiques, en particulier dans le commerce alimentaire. L’avenir réside dans le transfert de technologies et les partenariats ».
La Russie, terre d’investissements
Malgré les difficultés, les liens franco-russes dans le secteur se maintiennent. Les investisseurs français sont toujours désireux d’investir en Russie et d’y implanter leur production. Les sociétés françaises savent investir dans les domaines d’avenir en Russie.
Différents producteurs français ont ainsi partagé leur expérience. Patrick HOFFMANN a d’abord présenté Otrada FARMZ, son entreprise verticalement intégrée et spécialisée dans la génétique porcine. Fondée en 2005 à Lipetsk, la société compte aujourd’hui 4 fermes pour 6 000 truies et fait partie du top 3 dans son secteur en Russie. Le directeur général a ainsi profité de l’existence d’une niche dans la génétique et des spécificités de la Russie pour développer son entreprise. En 2016/2017, le volume de production de sa société a augmenté de 80% et devrait encore croître de 50% dans les deux années à venir.
Philippe NYSSEN, directeur de Grand Laitier, a lui aussi su saisir l’opportunité de se développer en Russie. Il produit aujourd’hui à Myatlevo (180 km de Moscou) plus de 8 variétés de fromages français. Il mise aujourd’hui sur la forte augmentation de la consommation de lait et de fromage dans le pays pour continuer de développer son activité.
L’importation d’animaux, de technologies et des savoir-faire français
De son côté, la Russie cherche à prendre exemple sur l’agriculture française, numéro 1 en Europe. Les agriculteurs et entrepreneurs russes importent donc les animaux, les technologies et les savoir-faire français.
Pour produire un lait de qualité, les agriculteurs russes misent désormais sur les races françaises. Des vaches montbéliardes ont été importées dans la région de Voronej et plus récemment, c’est un troupeau de 950 chèvres françaises acheté par UGMK-Agro qui est arrivé à Iekaterinbourg. Ilya BONDAREV, directeur général de cette société, affirme que son choix s’est porté sur les chèvres alpines françaises même si le cheptel de la France est par exemple moins important que celui de la Grèce. « La production française est plus élevée, la France est le leader de la fabrication de lait de chèvre », explique-t-il. Le producteur a pour projet de construire une nouvelle ferme qui compterait 3 200 chèvres ce qui élèverait son cheptel à 5 000 bêtes françaises. Aujourd’hui, les questions sanitaires posent cependant problème : la Russie n’achète pas les chèvres touchées par l’arthrite encéphalite des caprins. Or, comme l’a noté Katia ROINET, conseillère agricole de l’Ambassade de France en Russie, la France considère que ces animaux sont sains. De plus, la Russie n’accepte pas les animaux vaccinés ni l’importation de vaccins pour les chèvres. Pour Katia ROINET, « il est nécessaire de négocier » sur ces questions. Pour ce qui est de l’importation des races françaises dans le futur, les experts considèrent que le cheptel français n’est pas assez important pour subvenir aux besoins russes. « Il y aura de la reproduction génétique, les troupeaux de première génération serviront à faire de la sélection. Ensuite, la Russie n’aura besoin d’acheter que des semences », ajoute encore la conseillère agricole.
L’un des autres grands vecteurs de possibilités pour la coopération agricole franco-russe se trouve dans les transferts de technologies. Les agriculteurs russes s’intéressent aux matériels français, à ses innovations scientifiques notamment dans le domaine de la génétique. Cette dernière peut être utilisée pour l’élevage mais également pour les semences. Nicolas ESCAMEZ, responsable du département international de Terrena a noté que l’amélioration génétique des plantes était un véritable outil pour la valorisation de la production fourragère elle-même indispensable au bon développement des productions de lait et de viande. Pour fabriquer des produits de la meilleure qualité possible, les fromagers et les boulangers notamment importent les technologies françaises. C’est le cas de la société Krasnaya Gorka – Ko&Co localisée dans la région de Smolensk ou encore des Boulangeries Wolkonsky : « pour faire du pain français, il faut des ingrédients français et de l’équipement français », précise Anatoly BREDYKHINE, directeur commercial de la société.
C’est enfin le savoir-faire français qui s’exporte en Russie afin d’accompagner au mieux le développement des producteurs russes. Ainsi, Kirill IGOCHINE, directeur commercial de Krasnaya Gorka raconte comment le projet de son père, initié avant même la mise en place de l’embargo, était basé sur une intégration réelle de ce savoir-faire. Pour atteindre la qualité des fromages français, les entrepreneurs ont fait le voyage jusqu’en France et suivent depuis les conseils du fromager Michel Lepage.
Le développement de projets communs de grande ampleur
La coopération franco-russe dans le secteur agricole se présente aujourd’hui par des projets de grande ampleur qui démontrent toute l’importance de maintenir des liens privilégiés entre les deux pays.
Lors de la conférence, Bruno GHAFAR, chef de projet et Youri ZOUBOV, responsable des relations avec les agriculteurs ont présenté le nouveau projet d’Auchan. En mai 2017, la société va ouvrir un atelier de découpe à Tambov qui produira annuellement 40 000 tonnes de viande. Pour la 1ère fois, Auchan sera directement en contact avec les éleveurs. L’objectif est d’assurer la traçabilité de la viande qui sera certifiée aux normes IFS. Les clients pourront tout savoir sur la provenance de leurs achats notamment grâce à des QR codes imprimés sur les emballages. « Nous voulons booster les producteurs pour qu’ils développent leurs capacités de production », explique Bruno GHAFAR. Avec ce projet d’envergure, « Auchan participe à la restructuration des entreprises en Russie. Grâce à ces programmes de développement, Auchan est une entreprise intégratrice », conclue Youri ZOUBOV.
L’agroparc « Maksimikha » ou le « futur Rungis russe » est un autre projet d’avenir qui a été présenté aux participants de la conférence par Andreï KIPERMAN, directeur commercial de VTB Real Estate. En 2015, Semmaris, la société opératrice du marché de Rungis a signé un accord de licence avec la banque russe VTB pour la construction d’un marché international à 42 km de Moscou et qui sera construit sur le modèle du marché francilien. L’ouverture de ce marché de 300 hectares est prévue pour 2019 et devrait entraîner 40 milliards de roubles d’investissements. « Maksimikha » deviendrait le marché le plus important de Russie et les producteurs qui décideraient de s’y implanter pourraient augmenter leur rentabilité mensuelle de 10 à 30% supplémentaires, en valeur. Ce projet pourrait bien devenir un symbole du succès de la coopération agricole franco-russe.
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Cette 2ème conférence internationale sur le secteur agricole a donc permis de rappeler l’importance de développer davantage la coopération franco-russe dans le secteur. A cette occasion la CCI France Russie a créé son Comité Agriculture au sein duquel les experts pourront se réunir et instaurer un dialogue régulier sur les problématiques évoquées tout au long de cet événement.
La Chambre de commerce et d’industrie franco-russe remercie chaleureusement les intervenants de la conférence ainsi que ses coorganisateurs, l’Ambassade de France en Russie et Business France.
La CCI France Russie remercie également les sponsors généraux de ses 20 ans : EY et Total, ses sponsors principaux : Crédit Agricole, Servier, Yves Rocher, Orange Business Services, Natixis, Vinci Concessions, Dassault Systèmes, Jeantet, « Novatek », Air Liquide, Legrand ses sponsors : Bellerage, Skif consulting, Savoye et CMS, et ses partenaires organisationnels : Savencia Fromage & Dairy, Club Evasion, les salades Belaya Datcha, Vintage-M, Grand Laitier, les boulangeries Wolkonsky, Original Russian beverages, Les Recettes de Grand-Mère, Ko&Co, Beau Rêve.
Pour plus d’informations sur la création du Comité Agriculture de la CCI France Russie écrivez-nous à l’adresse comites@ccifr.ru
Contacts presse :
Natalia Petrova : natalia.petrova@ccifr.ru
Marina Smirnova : marina.smirnova@businessfrance.fr
PRÉSENTATIONS
Première session :
Artem BELOV Soyouzmoloko |
Nicolas ESCAMEZ Terrena |
Youri ZOUBOV Auchan |
Darya SNITKO Gazprombank |
Andreï KIPERMAN VTB Real Estate |
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Deuxième session :
Patrick HOFFMANN Otrada Farms |
Ilya BONDAREV UGMK-Agro |
Philippe NYSSEN Grand Laitier |
Anatoly BREDYKHINE Wolkonsky |
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