Communiqué de Jacques SAPIR
Directeur du CEMI-EHESS
Directeur d’études à l’EHESS
L’Académie des Sciences de Russie vient d’annoncer le vendredi 28 octobre, mon élection dans la section d’économie, à titre de « membre correspondant », en son sein. C’est une nouvelle qui est pour moi source d’un immense honneur et d’une profonde fierté. L’Académie des Sciences de Russie est une assemblée extrêmement prestigieuse, héritière de l’Académie Impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, à laquelle ont participé de très grands scientifiques – tant russes qu’étrangers – depuis sa création au XVIIIème siècle. Je vois dans cette élection la reconnaissance des liens étroits qui unissent depuis fort longtemps les milieux scientifiques russes et les milieux scientifiques français, des liens que les conflits politiques tout comme les campagnes récurrentes de calomnie n’ont jamais pu altérer. Je l’entends comme la reconnaissance des travaux que j’ai menés depuis la fin des années 1970 sur l’URSS et la Russie, mais aussi sur la théorie économique. Je comprends cette élection comme la manifestation d’une confiance que me font les scientifiques russes.
La confiance qui m’a été accordée par mes collègues russes (dont les académiciens V. Ivanter et A. Nekipelov) s’est manifestée par le travail en commun que nous avons pu mener ensemble, en particulier au sein du Séminaire Franco-Russe sur les problèmes monétaires et financiers du développement de la Russie qui fonctionne régulièrement depuis 1991, ou dans le cadre de la Moskovskaya Shkola Ekonomiki de l’Université de Moscou (MSE-MGU). Ce travail en commun a largement contribué à ma compréhension des problèmes économiques de la Russie, mais aussi à la formulation précise de mes réflexions théoriques, réflexions qui ont été largement influencées par le travail mené avec mes collègues russes. Il a permis le développement de recherches extrêmement fructueuses menées dans le cadre du Centre d’Etudes des Modes d’Industrialisation de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (CEMI-EHESS) et du groupe Institution et Régulation des Systèmes Economiques post-Socialistes de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (IRSES-FMSH). Ces recherches ont aussi permis de former de nombreux jeunes chercheurs, tant français que russes. J’aime à penser que mon élection rejaillit aussi sur ces deux institutions qui ont été et qui sont toujours à la pointe de la coopération scientifique entre la France et la Russie (et avant 1992 l’Union soviétique). Elle devrait permettre à ce travail et à cette coopération entre nos deux pays de s’approfondir et de se perpétuer.
Le CEMI-EHESS a été créé par le regretté Charles Bettelheim au début des années 1960 et a joué un rôle pionnier dans l’étude de l’économie soviétique (et des économies socialistes comme la Chine et Cuba), puis l’étude de l’économie russe. J’associe à la distinction qui m’est faite mes collègues du CEMI, avec qui j’ai travaillé depuis de longues années, mais aussi mes étudiants, qui ont eu à supporter mon caractère et mes impatiences, et à qui je dois beaucoup. J’ai une pensée pour le fondateur du Centre et mon premier « maître », Charles Bettelheim, à qui je dois tant, qui guida mes premiers pas hésitants sur le chemin de l’économie soviétique, et qui – plus que moi et mieux que moi – aurait mérité cette distinction.
