L’entretien vient d’être publié dans l’édition annuelle du supplément d’information CCI France Russie « Russie-France », sorti à l’occasion du SPIEF 

La société Aggreko est présente depuis de nombreuses années sur le marché russe, où elle aide les entreprises à résoudre les problèmes auxquels elles se trouvent confrontées dans le cadre de leur développement, notamment en matière de fourniture d’électricité sur les chantiers, de mise en service et d’élargissement des installations de production, ou encore en cas de force majeure. Alex de Valukhoff, Président-directeur général d’Aggreko Eurasie, nous livre son point de vue sur la croissance marquée des activités de son entreprise durant l’année écoulée.

– Quels secteurs d’activité les projets les plus intéressants d’Aggreko ont-ils concernés en 2017 ? Quels résultats ont-ils produits ?

– L’année 2017 a été marquée pour Aggreko en Russie par une très forte croissance. Je ne préfère donc pas citer de projets concrets, mais simplement dire que nous sommes passés d’environ 420 MVA de puissance en service fin 2016 à environ 700 MVA fin 2017 sur une cinquantaine de sites. Cette croissance a été possible grâce à l’adéquation de notre offre de services, et plus exactement de notre proposition de valeur, aux besoins de nos clients. Nous sommes fiers d’avoir aujourd’hui en Russie une flotte de génération mobile de 300 MVA dédiée à la valorisation des gaz de torchère sous forme d’électricité – l’une des plus importantes au monde. Cette expérience a été reconnue l’an dernier par la Banque mondiale dans le cadre de son initiative « objectif élimination du brûlage systématique de gaz à la torche à l’horizon 2030 » comme une bonne pratique à répliquer dans le monde, d’autant qu’elle est efficiente sur le plan économique. Nous avons également en Russie une flotte considérable dédiée aux campagnes de forage. Mais l’année 2017 a aussi été marquée par de nouveaux projets dans l’industrie minière, dans l’événementiel avec la Coupe des Confédérations, dans la construction navale.

– Quelles innovations et découvertes ont été réalisées par Aggreko à l’international en 2017 ? En quoi influenceront-elles l’offre et les services de votre entreprise sur le marché russe ?

– Aggreko investit considérablement, et de manière traditionnelle, dans l’amélioration permanente de l’efficacité énergétique de ses solutions. Mais il est clair que le monde de la production et de la distribution d’électricité se trouve dans une phase d’évolution très rapide. Le président Poutine l’a rappelé cette année lors de son Adresse à l’Assemblée fédérale avec l’arrivée de la digitalisation dans la gestion des réseaux et de la génération électrique, avec la montée en puissance de la production dite distribuée, c’est-à-dire à immédiate proximité de ses consommateurs. Mais ce sont les énergies renouvelables et le développement du stockage de l’électricité de manière rentable qui sont les principaux ressorts de l’évolution à venir. C’est exactement pour cela qu’Aggreko a acquis en 2017 Younicos, une société germano-américaine spécialisée dans la gestion des micro-réseaux hybrides solaires-thermiques et de leur optimisation grâce aux batteries industrielles. Or la Russie, avec ses immenses espaces et sa faible densité de population, est fondamentalement concernée par cette évolution.

– Quelles perspectives le développement de l’Extrême-
Orient – présenté comme un projet prioritaire par les autorités russes – laisse-t-il entrevoir pour Aggreko ?

– Depuis la signature avec l’Agence de l’Extrême-Orient pour l’attraction des investissements et le soutien aux exportations lors d’un forum l’an dernier, d’un mémorandum destiné à favoriser une électricité plus disponible, plus abordable et moins polluante, nous travaillons sur plusieurs projets pour des communautés locales ou des entreprises en Iakoutie, au Kamtchatka et dans la Tchoukotka. Ce sont des pilotes, donc par définition difficiles à mettre en place, mais la pression de la demande est là et nous sommes optimistes.

– Aggreko travaille-t-il davantage avec des sociétés privées ou prend-il également part à des marchés publics ?

– Aggreko travaille en général avec le secteur privé, mais bien des sociétés sont détenues ou contrôlées par l’État russe et doivent se plier aux règles exigeantes des lois fédérales régulant les achats de ces entités. Franchement, ces lois, qui partent d’une bonne intention de transparence et de lutte contre la corruption, transforment les procédures d’achat en un marathon bureaucratique qui gagnerait grandement en efficacité à être simplifié si l’on voulait bien s’en tenir au fond et non simplement à la forme. Quant aux entités d’État, nos essais ont à ce jour été souvent infructueux, mais notre qualité et l’efficacité économique de nos solutions l’emporteront sur le long terme.

– Aggreko compte-t-il se lancer dans des projets ayant trait à l’évaluation, l’optimisation et la rationalisation dans le marché du logement et des services publics communaux ?

– Nous avons signé un mémorandum en ce sens avec le ministère du Logement et des Services communaux de la République d’Ouzbékistan, où les besoins de modernisation sont importants, comme souvent dans l’espace postsoviétique. Pour cette dernière, nous nous limitons à des projets de co-génération, ce qui permet une efficacité énergétique bien meilleure, sans intervenir dans la distribution de chaleur ou la distribution de courant proprement dites, qui ne sont pas notre cœur de métier.

– De quels avantages les solutions proposées par Aggreko sont-elles porteuses ?

– Nos solutions partent toujours du besoin du client en énergie ou en contrôle de la température, qui est une activité parallèle que nous comptons développer fortement en Russie. Nous réfléchissons au bénéfice qu’apporterait une électricité livrée plus vite que prévu, ce qui permettrait par exemple l’accélération d’un outil industriel ; ou livrée de manière plus flexible dans le temps afin de diminuer la charge capitalistique ; ou encore produite par la combinaison optimum des sources d’énergie : solaire, thermique, par stockage, etc. Tout cela est rendu possible par notre approche modulaire et par l’un de nos 6 hubs mondiaux qui se trouve à Tioumen, qui permettent la proximité du service et la localisation d’une grande partie de nos activités.