Une idée partagée par la quasi-totalité des participants à la conférence de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCI France Russie) « Situation économique en Russie : leçons de la crise, prévisions et tendances », organisée à l’attention des entreprises membres de la Chambre.
Parmi les intervenants, une majorité de représentants des départements d’études et d’analyses : Evgueni Gavrilenkov, Directeur Général et Economiste en chef de Sberbank CIB; Iaroslav Lisovolik, membre du Conseil d’Administration, Economiste en chef et Directeur du Département d’Analyses de la Deutsche Bank en Russie; Leonid Grigoriev, Conseiller Principal de la Direction du Centre d’Analyses près le Gouvernement de la Fédération de Russie; Arnaud Dubien, Directeur de l’Observatoire, centre d’analyse de la CCI France Russie, et David Lasfargue, Chef de Mission et Associé de Gide Loyrette Nouel. Le Vice-ministre du Développement Economique de la Fédération de Russie, Alexeï Vedev est intervenu en qualité d’invité d’honneur.
La CCI France Russie qui travaille au quotidien au renforcement des investissements français dans l’économie russe, a réuni des experts afin de porter un diagnostic précis sur la situation. Les représentants des entreprises participantes ont pu obtenir des informations utiles à l’élaboration de leur stratégie pour l’année en cours. «Les investisseurs français savent ce qu’est la crise. C’est précisément au cours de la dernière crise de 2008 qu’ils ont considérablement renforcé leur présence en Russie. Aujourd’hui, aucune entreprise française n’a quitté la Russie », a déclaré Emmanuel Quidet, Président de la CCI France Russie.
« Le fait que la Russie a décider de ne pas fermer la porte aux pays et investisseurs occidentaux a été confirmé au cours du Forum de Saint-Pétersbourg. La localisation pour tous ceux qui peuvent le faire en fonction des spécificités de leur entreprise est une possibilité à exploiter dans la situation actuelle», a indiqué David Lasfargue, Chef de Mission et Associé du cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel.
Guillaume Debrosse, Directeur Général de Bonduelle Kouban Russie-Kazakhstan-Biélorussie était présent à la conférence en qualité d’invité d’affaires.
Bonduelle, qui a localisé sa production en Russie (11 000 hectares et 2 usines) n’a pas beaucoup souffert des sanctions : moins de 1% de son chiffre d’affaires a été concerné (petits pois secs). C’est pourquoi l’entreprise a pris la décision d’accélérer le développement de sa production locale et va se développer dans cinq axes prioritaires. Il s’agit des équipements de production pour la transformation de légumes surgelés ; la production locale de conserves, qui a débuté bien avant la crise dans la région de Krasnodar, va maintenant se développer. « Nous allons chercher de nouveaux terrains. Nous ne pouvons pas tout produire nous-même, c’est pourquoi nous allons chercher des fournisseurs », a déclaré Guillaume Debrosse concernant le point suivant. L’entreprise va ainsi s’activer pour diminuer sa dépendance envers l’importation de semenses et localiser la formation du personnel : « Il y a un problème dans ce domaine, car tous les étudiants de la région partent travailler à Moscou ». Encore un autre changement nécessaire : Bonduelle a fabriqué un caviar d’aubergines en Ukraine, mais est désormais contrainte de trouver des capacités de production dans le Kraï de Krasnodar. L’embargo a accéléré la localisation. Et aussi l’entreprise a un projet exploratoire de production « de cornichons marinés» en Russie, qui, en ce moment, font l’objet d’une importation par les autres entreprises de différents pays.
Guillaume Debrosse a aussi présenté un graphique sur lequel est exposée de façon concrète la chute des ventes en Russie à partir de Décembre 2014, au moment même où la courbe de l’inflation a grimpé. « A partir de la période avril-mai de cette année-là, toutes les ventes au détail du réseau l’ont ressenti. Tous les points de vente qui travaillent dans les segments bas de gamme et haut de gamme en ont souffert. ». En ce qui concerne les attitudes envers l’entreprise dans la période actuelle, il a indiqué : « Est-ce que l’on nous considère comme une entreprise étrangère ? Nous sommes une personne morale russe, et parmi nos 600 salariés, il y a seulement 5 expatriés. Non, l’on nous considère comme une entreprise russe qui résout les problèmes du marché local et de l’augmentation des exportations depuis Russie, parce que la production de Bonduelle, fabriquée en Russie, est exportée en Mongolie, en Biélorussie et au Kazakhstan ».
