Le 16 décembre dernier, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) donnait son feu vert concernant l’adhésion de la Russie, mettant fin à 18 ans de négociations au sein de l’organisation internationale. Véritable anomalie du commerce international, l’absence de la Russie au sein de l’organisation était d’autant plus étonnante que la quasi-totalité des pays membres de la Communauté des États Indépendants (CEI) faisait partie de l’organisation. Battant un record détenu par la Chine (15 ans), la Russie normalise ainsi sa situation à l’égard de ses partenaires commerciaux.
Pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de cet événement, la РЎhambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCIFR) a organisé, en partenariat avec la РЎhambre de commerce russo-allemande (AHK) une conférence sur les aspects pratiques de l’adhésion de la Russie à l’OMC. Plusieurs acteurs de l’économie russe directement concernés par cette adhésion ont ainsi exposé leur point de vue et mis en avant les effets positifs comme les difficultés à surmonter.
Il faut tout d’abord savoir que les conditions d’adhésion de la Russie à l’OMC ont été longuement négociées et ont cherché à inclure au maximum les partenaires sociaux. La fructueuse collaboration entre les différents représentants des agents économiques et les autorités concernant l’établissement des modalités a conduit l’Union Russe des Industriels et des Entrepreneurs (RSPP) à soutenir ce type d’initiatives.
Dans les grandes lignes, l’entrée de la Russie à l’OMC implique des mesures autant symboliques que pratiques. La libéralisation de certains marchés jusqu’alors réservés aux investisseurs russes, notamment le secteur de l’assurance, est prévue. De même, une baisse substantielle des barrières douanières est à venir. Le mot d’ordre est on ne peut plus clair : ouvrir la Russie à la concurrence internationale, dans la continuité du processus de désengagement de l’État initié il y a déjà plusieurs années.
Mais cela n’est pas sans inspirer chez certains acteurs économiques présents en Russie un certain ressentiment, voire une crainte à l’égard de la concurrence internationale. C’est le cas notamment du secteur agroalimentaire en Russie, inquiet à l’idée de voir une baisse des taxes sur l’importation de produits agricoles. Il en va de même pour le secteur automobile, peu serein quant à la réduction des barrières douanières et à l’arrivée sur le marché de nombreuses voitures d’occasion en provenance de l’étranger.
Pour autant, il ne faut pas se limiter à une analyse superficielle, mais tenir compte des implications dans leur globalité. A première vue, la concurrence conduit à la disparition de certains producteurs. En fait, par une réduction des prix, elle induit un gain de pouvoir d’achat et in fine bénéficie à la croissance. De même, les entreprises sont poussées à l’innovation pour se démarquer de leurs concurrents, cherchant sans cesse à satisfaire au mieux leurs clients. Les seuls perdants d’une ouverture à la concurrence sont les agents économiques incapables de répondre aux attentes des consommateurs. Ces derniers en sont au contraire les premiers bénéficiaires. Telle est l’aspiration de l’OMC.