La rencontre networking de la CCI France Russie et de la Chambre de Commerce Américaine en Russie (AmCham) a eu lieu à Moscou
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« Nos pneus doivent répondre aux besoins de nos clients »
22.05.2018

L’entretien vient d’être publié dans l’édition annuelle du supplément d’information CCI France Russie « Russie-France », sorti à l’occasion du SPIEF 

Kamran Vossoughi, Directeur Général du Groupe Michelin pour l’Europe orientale, évoque le travail effectué sur le marché russe et les facteurs de réussite sur une zone à forte concurrence.

– Comment le marché du pneu se développe-t-il en Russie ? En quoi le consommateur russe se distingue-t-il de son homologue européen ?

– Le marché russe du pneumatique dispose d’un potentiel important. La population de Russie s’élève à plus de 143 millions d’habitants, le parc automobile, lui, se monte à 31 millions, soit 216 voitures pour 1 000 personnes. La demande en pneus augmente, notamment pour les pneus hors-route ainsi que pour les 18 pouces et au-dessus. Certes, la Russie présente des spécificités : elles tiennent à l’immensité du pays, aux particularités géographiques et climatiques, au développement des transports. Le « plus » est clairement le caractère saisonnier : il importe de proposer un produit adapté aux conditions du pays et, tout autant, de le proposer en temps et en heure, or la « saison » peut commencer en Russie un mois plus tôt ou deux mois plus tard que prévu. Le client est plus exigeant et plus impliqué. Il veut être le mieux informé possible sur le produit qu’il achète, il apprécie un service personnalisé, est réceptif aux innovations qui permettront de résoudre au mieux ses problèmes.

 

– Quelles innovations et quels processus constituent-ils l’avenir de votre industrie ? Quelles sont les idées qui « tournent dans les têtes » des développeurs et des scientifiques ?

– Nos innovations répondent avant tout aux besoins de nos clients. Nos priorités sont les économies de carburant par la réduction de la résistance au roulement, la protection de l’envi-
ronnement, en particulier la réduction de l’émission de CO2 dont Michelin est l’un des acteurs importants dans le cadre de la COP21 et l’« accord de Paris », et bien évidemment la création d’un pneu « intelligent », capable d’interagir avec la voiture et le conducteur. Dans le cas de notre entreprise, les spécialistes travaillent jour et nuit, au Centre de Technologie Michelin, à trouver des solutions de haute technologie pour l’avenir. Il s’agit de l’un des plus grands centres de recherche et de développement du monde. Il se déploie sur trois continents et emploie plus de 6 000 collaborateurs de haut niveau. En 2017, au sommet Movin’On de
Montréal, nous avons présenté le concept révolutionnaire MICHELIN Vision, une roue mono-
bloc remplaçant jante et pneu traditionnels et faite de matériaux biodégradables. Imprimée en 3D, elle a aussi pour particularité une bande de roulement susceptible d’être rechapée et adaptable au type de route et aux conditions météo. Ce concept futuriste a été sélectionné parmi les « Meilleures Inventions de l’année 2017 » par le magazine Time. L’innovation a toujours été à la base du développement de Michelin, permettant au Groupe non seulement d’aller de l’avant, mais aussi de réaliser de véritables percées technologiques dans l’industrie du pneumatique.

 

– Verra-t-on bientôt ces roues révolutionnaires dans nos villes ?

– Il faut encore un peu de temps, bien sûr. Mais l’impression 3D est déjà utilisée dans la fabrication des pneus MICHELIN. En 2017, nous avons créé, avec le Groupe Fives, l’entreprise AddUp, à Clermont-Ferrand. Elle se veut un acteur clef dans le secteur de l’impression 3D et peut, dès à présent, fabriquer les lamelles de moules de pneus à la géométrie complexe, ce qui augmente considérablement la mobilité et la longévité de nos pneumatiques. Cette innovation, réellement fondamentale, porte la qualité de notre production à un niveau radicalement nouveau.

Plusieurs modèles recourant à la technologie 3D existent déjà : les pneus poids lourd
MICHELIN X MULTI, la révolution des pneus MICHELIN CrossClimate pour les voitures et, cette année, nous avons présenté le pneu moto MICHELIN Road 5 sport GT. Le sport automobile inspire également des solutions innovantes dans la production en série des pneumatiques. Les technologies expérimentées sur les circuits font leur apparition sur les routes : ainsi le nouveau pneu clouté MICHELIN X-Ice North 4, que l’on peut, dès cet hiver, adopter pour sa voiture. Le cloutage de cette nouveauté reprend des éléments utilisés pour les pneus cloutés du championnat mondial des rallyes (WRC). Autre exemple : le pneu été MICHELIN Pilot Sport 4, conçu grâce aux essais effectués lors des championnats de Formule E de la FIA, est aujourd’hui visible dans les rues de nos villes.

 

– Quels sont les autres segments sur lesquels Michelin est présent ?

– Michelin est arrivé en Russie il y a plus de cent dix ans, avec des pneus pour voitures individuelles et transport commercial. Nous avons effectué un travail colossal et proposons aujourd’hui des pneus de voitures, de poids lourds, des pneus agricoles, des pneus pour véhicules de grande taille et pour deux-roues, pour l’aviation aussi. Chaque segment a ses particularités. Celui des transports routiers, par exemple, bénéficie d’un faible coût du pneu au kilomètre, ce qui joue un rôle majeur dans la réduction des dépenses des parcs automobiles. En proposant ces produits, nous aidons nos clients à optimiser leurs dépenses et à augmenter leur rentabilité. En 2008, nous avons mis des pneus agricoles MICHELIN sur le marché russe. Dotés de la technologie Ultraflex, ils couvrent tout le cycle des travaux agricoles réalisés par les véhicules automoteurs. Cette technologie unique augmente le rendement tout en respectant les sols. Le marché des pneus pour véhicules de gros gabarit est également très prometteur : il s’agit de pneus à destination de tous les types de machines utilisées dans les travaux miniers à ciel ouvert et souterrains, dans les carrières, les ports et les zones industrielles. Dans ce secteur aussi, nous sommes leaders. Enfin, il y a quatre ans, nous avons lancé en Russie la vente des pneus motos. Nous travaillons activement, en outre, dans le domaine des services et solutions, en particulier dans le domaine numérique, en complément de nos produits, afin d’améliorer la mobilité de nos clients et de leur offrir une nouvelle expérience unique de notre marque.

 

– Parlez-nous de Driving Data Intelligence (DDI) ? Comment cette initiative peut-elle résoudre le problème aigu de la sécurité routière ?

– Le système DDI est un modèle complexe d’analyse des comportements de conduite à partir de données issues de capteurs embarqués dans les véhicules. Il permet de produire un indicateur pertinent et utile, fondé sur une situation réelle, de caractériser un style de conduite à partir du temps passé au volant ainsi que des réactions aux situations qui peuvent se présenter, et de définir les conduites « dangereuses » et « écologiques ». Sur la base de cette analyse, nous pourrons proposer notre propre expertise indépendante de la mobilité et de la sécurité, analogue en qualité et profondeur à celle que nous offrons dans la gastronomie, par le biais de nos fameux guides Michelin. Nous mettons actuellement au point des idées et propositions pour le marché russe. La mission de Michelin est de devenir un partenaire fiable et un tiers de confiance dans les domaines de la mobilité et de la sécurité routière.

 

– Quelles visées innovantes soutenez-vous en Russie ?

– Les conditions sont aujourd’hui réunies en Russie pour des actions innovantes. Acteur mondial des démarches d’Open Innovation, Michelin est partie prenante des programmes d’accélération French Tech Connect, parrainés par Business France et organisés par le Fonds Skolkovo. Nous pouvons, grâce à cette plateforme, étudier plus en détail les startups russes, réfléchir à des partenariats ou à leur intégration dans notre business. La part des ventes en ligne connaît aujourd’hui une hausse fulgurante. Notre tâche est donc d’augmenter notre présence dans le e-commerce. Un exemple : un pneu sur sept, en Russie, est acheté en ligne, et si l’on prend Moscou, on atteint 50% ! Par conséquent, dans notre collaboration avec les startups russes, nos axes majeurs sont l’introduction des technologies mobiles, la création de solutions CRM et la mise en place de logiciels nous permettant d’analyser plus de données en temps réel. Nous avons d’ores et déjà en Russie plusieurs projets en ce sens, qui en sont au stade des tests.

 

– Vous produisez aussi, semble-t-il, des pneus en Russie. Dans certains secteurs, les acheteurs déplorent souvent que les productions réalisées en Russie soient d’une qualité inférieure à celle des produits d’importation. Que fait Michelin pour garantir la qualité ?

– En 2004, Michelin est devenu le premier fabricant de pneus étranger à produire sur le territoire russe. En quatorze ans de travail fructueux, nous avons fait la preuve que la production haute technologie des pneus MICHELIN pouvait être réalisée en Russie avec le même niveau de qualité qu’en France ou en Allemagne grâce à l’application rigoureuse du Système Qualité Michelin.

Pour commencer, nous achetons nos matières premières au niveau mondial, ce qui nous permet des prix plus avantageux et des économies notables. C’est aussi l’assurance d’une qualité régulière des matières premières. Ensuite, toutes les usines du Groupe sont régulièrement auditées et des contrôles sont également effectués par des organismes indépendants. Nous disposons d’un système de contrôle interne extrêmement strict : chaque pneu MICHELIN
est vérifié à plusieurs niveaux et possède un numéro d’identification sous la forme d’un code-barres qui contient des informations sur tous les stades de la production et les contrôles effectués. On sait ainsi par qui, quand et sur quelle machine le pneu a été fabriqué et qui a fait les différentes vérifications. Enfin – et ce n’est pas le moins important – nous collaborons avec de grands constructeurs automobiles auxquels nous proposons des pneus MICHELIN pour la première monte en sortie d’usine de leurs véhicules. Et nous répondons avec succès
aux exigences qualité des constructeurs automobiles et de leurs tests très sérieux. Ajoutons qu’une publication consacrée à l’automobile et qui fait autorité dans le domaine a réalisé une vérification il y a quelques années : des tests comparatifs ont été effectués sur trois pneus été MICHELIN, fabriqués dans deux pays d’Europe occidentale et dans l’usine de Davydovo en Russie. Ils n’ont pas révélé la moindre différence.

 

– Il y a, en Russie, des priorités économiques : localisation, innovation et export de la production réalisée dans le pays. Michelin exporte-t-il des pneus fabriqués en Russie ?

– La représentation russe du Groupe Michelin a la responsabilité de la région Europe orientale qui comprend onze pays. L’usine Michelin de Davydovo fournit donc le marché du pneu de toute la zone. Oui, nous exportons quelque 20-30 % de notre production, selon les besoins du marché.

 

– La concurrence est assez forte sur le marché du pneu. Les concurrents de Michelin travaillent aussi dans les domaines de l’innovation et de la qualité. En quoi le Groupe fait-il la différence ?

– Je vous donnerai simplement deux exemples, je ne vais pas vous faire la publicité de chaque pneu. Les résultats de tests effectués par des organismes indépendants sur le nouveau pneu été MICHELIN Primacy 4 ont montré qu’il avait une durabilité supérieure de 18 000 kms à ceux de ses principaux concurrents dans ce segment particulier. Pour l’hiver, nous proposons cette nouveauté fantastique, que j’ai déjà évoquée : le MICHELIN X-Ice North 4. C’est un produit qui répond à des nécessités majeures pour les pneus hiver : maîtrise à 100 % de la route et plaisir de la conduite durant cette période difficile de l’année. Notre philosophie est la suivante : produire un pneu de haute technologie qui se comporte «   En toute sécurité, neuf comme usé ». En d’autres termes, le pneu doit conserver ses caractéristiques d’exploitation et garantir un niveau élevé de sécurité jusqu’au dernier kilomètre parcouru.

 

– Comment Michelin s’inscrit-il dans le processus de recyclage des pneus ? Quelles améliorations proposez-vous dans ce domaine ?

– C’est une des questions essentielles pour l’écologie et la protection de l’environnement en Russie. Les pneus usés sont, avant tout, une source précieuse de matières premières secondaires. La mise en place d’un système efficace de recyclage écologique permettra de résoudre nombre de problèmes, depuis la réduction de l’impact négatif sur l’environnement jusqu’à la croissance économique de la Russie par le développement de l’industrie du recyclage et retraitement. Cela permettra, en outre, d’économiser des ressources naturelles et de créer de nouveaux emplois. En 2017, Michelin et d’autres producteurs et importateurs mondiaux de pneumatiques travaillant sur le territoire de la Fédération de Russie ont fondé une union de branche, « EcoChinSoyouz », pour œuvrer ensemble dans le cadre de la Loi fédérale « Sur les déchets de production et de consommation ». Il faut savoir qu’avec le temps et en bénéficiant de conditions favorables, il sera possible d’arriver à 100 % de pneus recyclés et remis en service.

Concept d’un pneu du futur Michelin Vision, fabriqué avec l’impression 3D

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