Henri Giscard d’Estaing, homme d’affaires français, personnalité publique et fils de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, est le patron du Club Med. Il s’est rendu à Moscou pour le lancement d’un bureau, l’occasion pour lui de décrypter la crise traversée par le secteur touristique et d’évoquer son style de vie et sa famille.
– J’admire votre courage, ouvrir un bureau en Russie en ces temps difficiles …
– Oui, la situation est délicate. En Russie, le marché des vacances a diminué de plus de 60 % au cours des deux dernières années, poussant de nombreux opérateurs à jeter l’éponge. Mais la demande est moins touchée : par exemple, dans les stations de ski des Alpes, elle n’a baissé que de 20 % pour les Russes. Nous voulons combler ce vide et toucher cette clientèle. D’ici fin 2018, nous prévoyons d’augmenter le nombre de clients de 40 % et d’étendre la part de marché de 16 à 25 %.
– Qui sont vos clients ?
– Ce sont des gens qui sont prêts à dépenser environ 450 000 roubles pour deux semaines de vacances en famille. Ceux qui acceptaient de payer cette somme en 2013 le feraient encore aujourd’hui.
– Mais aujourd’hui, les prix doivent être plus élevés ? Un million au lieu de 450 000 roubles ?
– Pas du tout. Nous avons mis en place un programme anticrise. Premièrement, en fixant les prix en roubles. Après le paiement d’un dépôt, nous garantissons à nos clients un voyage à prix fixe, même en cas d’évolution du taux de change. Deuxièmement, en gelant le cours de l’euro. Troisièmement, les séjours sont désormais gratuits pour les moins de 6 ans.
– Racontez-nous comment et quand vous êtes arrivé au Club Med et ce que vous lui avez apporté.
– Avant, j’étais directeur général d’Evian. Au début, c’était intéressant, mais j’ai bien étudié le marché, étudié l’industrie, et c’est devenu trop facile, j’avais besoin de défis. Et le marché touristique me semblait complexe. J’ai été inspiré par l’histoire du Club, l’un des premiers voyagistes en Europe, créé dans les années 1950. Mais il a fallu changer beaucoup de choses. J’ai commencé par fermer 75 % de nos villages, qui ne correspondaient pas pour moi à la philosophie du luxe, et cela a repositionné le Club vers le haut de gamme. Nous avons construit des hôtels, proposé des destinations insolites et développé l’art des vacances tout compris.