Le Comité Energie de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCI France Russie) s’est rassemblé mercredi 8 avril 2015 pour une session intitulée « Aperçu du secteur pétro-gazier en Russie » en présence de Maxime Nechaev, Directeur du cabinet de conseil IHS Energy, et d’Artiom Plakhine, directeur du centre de monitoring et d’expertise du Comité de la politique énergétique du RSPP.
En seconde partie de session, les membres présents ont élu le président du Comité pour 2015.
Maxime Nechaev a présenté à l’attention des participations les grandes tendances actuelles du secteur pétrole et gaz en Russie, ainsi que les évolutions les plus probables au cours des années à venir.
L’expert d’IHS Energy a structuré son intervention autour de cinq points clés.
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Les principaux gisements de Sibérie occidentale concentrant la majeure partie des extractions de pétrole brut russe ont tous atteint leur pic de production en 2014. La forte baisse du prix du baril de brut, les coûts de production très élevés des nouveaux gisements potentiels, ainsi que les sanctions occidentales en matière de financement rendent très improbable l’entrée en exploitation de nouveaux gisements susceptible de compenser le déclin des puits traditionnels. Le scénario le plus probable est donc celui d’une stagnation de la production de brut russe au cours des 5 prochaines années.
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L’accroissement rapide des exportations de pétrole et de gaz vers la Chine et la région Asie Pacifique compense la stagnation des marchés européens. Toutefois, la mise en service de nouveaux pipelines nécessite des investissements colossaux qui pèseront sur les marges à l’export. Par ailleurs, la baisse du prix du brut se répercute sur les prix du gaz. Des renégociations de contrats gaziers sont donc à prévoir.
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La production de Gaz Naturel Liquéfié (LNG) : des objectifs ambitieux ont été fixés par le gouvernement russe qui entend multiplier par 7 ses capacités de production d’ici 2020. Pour l’heure, le principal projet reste Iamal LNG, qui devrait démarrer la production en 2016. Les coûts d’extraction et de production sont élevés mais le projet bénéficie de conditions fiscales avantageuses.
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l’Arctique russe concentre des réserves très importantes de pétrole et de gaz. Toutefois, le manque de connaissances géologiques précises, l’embargo occidental sur les technologies d’exploration et le prix du brut actuel ne permettent pas d’envisager le lancement de grands projets dans les prochaines années. Compte tenu de la complexité des conditions climatiques et techniques, les travaux préparatoires à une mise en exploitation pourraient prendre jusqu’à 25 ans.
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Le gouvernement a entrepris une vaste réforme de la fiscalité en matière d’extraction et de raffinage. En conséquence, la marge en amont réalisée par les producteurs actifs sur les champs traditionnels a presque doublé. A l’inverse, la marge aval n’a pas évolué, ce qui dans le contexte actuel de prix bas, entraîne une baisse de la rentabilité des raffineries, avec certaines fermetures de sites à prévoir.
Pour sa part, Artiom Plakhine a passé en revue les principaux défis auquel doit et devra faire face le secteur pétro-gazier russe. Le secteur est aujourd’hui pénalisé par une conjecture défavorable, avec des prix bas, une dégradation des relations avec les partenaires occidentaux, conjugué à un manque chronique d’investissement dans les infrastructures. Malgré ces facteurs pénalisant, l’industrie pétrolière et gazière russe reste compétitive face à ses rivaux étrangers et de nouveaux projets voient le jour.
Artiom Plakhine a également souligné que le gouvernement avait pleinement conscience du besoin de moderniser et réformer en profondeur les règles du jeu. Dans le domaine de l’exploration du plateau continental, des mesures ont été votées pour permettre aux compagnies privées de participer au développement de nouvelles ressources. De nouvelles mesures de libéralisation et de simplification de la fiscalité devraient prochainement voir le jour.
En seconde partie de session, les participants ont procédé à l’élection du président du Comité pour l’année 2015. Pascal Dauboin, Directeur recherche et innovation de Total Russie a été élu à l’unanimité. Il pilotera donc les travaux du Comité cette année, félicitations !
Le Comité Energie est un lieu de rencontre privilégié des dirigeants d’entreprises français et russes, destiné au partage d’information et de savoir-faire autour de thèmes d’actualité.
Plus d’informations : Lidia SOUTORMINA, responsable des comités professionnels, lidia.soutormina@ccifr.ru.