Le 13 janvier 2017, des échanges se sont tenus sur la question des perspectives de création d’un espace économique commun pour l’Europe et la Russie ainsi que sur les accords économiques et commerciaux entre l’Union européenne et l’Union économique eurasiatique. Ces échanges ont eu lieu dans le cadre du panel « L’Europe de Lisbonne à Vladivostok : rêve ou réalité ? ».
Différents intervenants ont donné leur vision de la question, notamment Alexander CHOKHINE, président de l’Union russe des industriels et des entrepreneurs ; Vladimir SALAMATOV, directeur général du centre de recherche « Commerce international et intégration » ; Esko AHO, président du Conseil d’administration d’East Office of Finnish Industries, premier ministre de Finlande (1991-1995) ; Franz FISCHLER, président du forum européen Alpbach, commissaire européen entre 1995 et 2004 ; Pavel CHINSKY, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe ; Evgueni VINOKOUROV, directeur du Centre d’études intégrées de la Banque eurasiatique de développement ; Sergueï KRASSILNIKOV, directeur adjoint du département « pays européens, Amérique du Nord et organisations internationales » au ministère du Développement économique.
Tous les intervenants ont souligné que l’économie et le monde des affaires ne pouvaient pas surmonter par leurs propres moyens les obstacles politiques et les problèmes qui se sont installés dans les relations entre la Russie et l’Occident.
Cependant, les récentes élections et celles à venir au sein des pays occidentaux permettent de dire que la situation est en passe d’évoluer. Selon les intervenants, la Russie et l’Europe pourraient déjà agir pour un rapprochement sans attente de réciprocité. Ainsi, la Russie pourrait décider de simplifier le régime des visas pour les hommes d’affaires et les scientifiques, et elle pourrait simplifier l’accès des investisseurs étrangers aux installations stratégiques. L’Europe pourrait lever les sanctions qui « punissent » non seulement la Russie mais le monde entier, en particulier dans les secteurs de l’énergie et des technologies et qui empêchent notamment la Russie d’appliquer l’Accord de Paris sur le climat considérant que l’environnement est un bien commun pour l’ensemble de la planète.
Durant le forum, Pavel CHINSKY a présenté l’état actuel des investissements français en Russie et a souligné qu’un événement important aurait lieu en 2017, à savoir le 300ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays : « Aucune entreprise française n’a quitté la Russie et la France s’est élevée depuis deux ans au rang de premier investisseur en volume d’investissements. De plus, les sanctions ont stimulé la localisation de la production ce qui a permis à des entreprises françaises de commencer à exporter leur production russe vers des pays tiers et notamment vers ceux de l’Union économique eurasiatique. La France est également le premier employeur étranger en Russie, il suffit de regarder le nombre de personnes qu’emploient des sociétés telles qu’Auchan, Rosbank, Leroy Merlin ou Renault. Géographiquement, alors que la France limitait auparavant ses investissements à la partie européenne de la Russie, elle investit désormais au-delà de l’Oural. Même à Vladivostok, mentionnée dans le titre de ce panel, le célèbre pont à haubans sur l’île Russe a été construit avec la participation de la société française Freyssinet. Toutefois, les entreprises françaises qui localisent leur production ici espèrent pouvoir répondre aux appels d’offres dans les mêmes conditions et avec les mêmes chances que les entreprises russes ».
Sur la question des futures rencontres franco-russes, Pavel CHINSKY a déclaré : « Pierre Ier qui, il y a plus de 300 ans, avait signé un pacte entre les deux pays, est resté à Paris pendant presque deux mois. Maintenant, il y a une autre perception du temps mais à l’occasion de ce 300ème anniversaire, il est possible que des représentants russes se rendent à Paris pour une visite relativement longue ».
