Le 24 novembre dernier, les membres du Comité PME-PMI se sont réunis pour rencontrer :
- Philippe BRUNEL, chef du service économique régional de l’Ambassade de France en Russie
- Pierric BONNARD, directeur Business France Russie
Récemment nommés à ces postes, Philippe BRUNEL et Pierric BONNARD ont donné leur vision de l’économie russe et analysé les perspectives possibles pour les PME-PMI françaises.
Après une forte récession en 2015 marquée par un recul du PIB de 3,7%, l’économie russe n’a pas encore retrouvé en 2016 une croissance positive. Il faudra attendre 2017 pour connaître un retour à la croissance mais la Russie restera encore loin derrière les autres pays émergents avec un taux de croissance potentielle qui s’élève à seulement 1,5%.
Où trouver les sources de la croissance ?
Avec une économie russe fortement dépendante des hydrocarbures qui comptent pour 2/3 des exportations, il serait difficile de fonder le retour à la croissance sur une hausse de ces dernières du fait de l’imprévisibilité des prix du pétrole. Dans un contexte de récession et considérant les contraintes budgétaires, la croissance ne viendra pas non plus des investissements publics. Alors que le pouvoir d’achat des ménages souffre encore aujourd’hui de l’inflation, la croissance pourrait se faire par une hausse des revenus, notamment salariaux, si celle-ci est suffisamment élevée pour compenser l’augmentation des prix.
Des faiblesses à surmonter
Après avoir souligné la « politique remarquable menée par la Banque centrale russe » qui a su piloter le taux de change et le taux d’intérêt directeur et entamer un processus d’assainissement du secteur bancaire, Philippe BRUNEL a cependant rappelé que l’économie russe avait encore de nombreuses difficultés à surmonter avec notamment l’existence d’un « trou dans le tissu industriel » : le manque de PME-PMI dans l’économie se fait fortement ressentir.
Quelles perspectives pour les PME ?
Dans un tel contexte, le secteur des PME-PMI est considéré comme étant en crise. Le manque de capitaux propres des entrepreneurs ajoute un risque que les banques sont aujourd’hui de plus en plus frileuses à prendre d’autant plus qu’avec un taux directeur fixé à 10%, il est aujourd’hui coûteux d’investir en Russie. Face à ce constat et comme l’a souligné Pierric BONNARD, s’ils peuvent être intéressés par le pays, « les entrepreneurs français ne vont pas choisir naturellement d’investir en Russie». Les sanctions toujours en place compliquent le financement des projets et il est pour l’instant difficile de voir les perspectives de croissance.
Un secteur d’avenir : l’agroalimentaire
Les PME-PMI ont pourtant des possibilités de développement en Russie. Si les sanctions et l’embargo ont eu un effet de contraction important sur les échanges, la politique de substitution aux exportations mise en place par le gouvernement russe ouvre aujourd’hui des portes aux savoir-faire français notamment dans le secteur de l’agroalimentaire. D’après Pierric BONNARD, les Français se positionnent aujourd’hui très favorablement pour répondre à la forte demande des russes en équipements industriels d’autant plus que le désir d’apprendre les techniques de production françaises est de plus en plus souvent exprimé. Les industriels russes montrent une réelle volonté de monter en gamme et l’exemple du cheptel de Voronej est significatif ; ses propriétaires ont en effet déjà acheté 5 000 vaches montbéliardes à des agriculteurs francs-comtois dans le but de produire du lait et des fromages de qualité.
Ainsi, malgré un contexte économique encore difficile, la voie est donc loin d’être fermée pour les entreprises françaises en Russie.
La prochaine session aura lieu en début d’année 2017. Pour plus d’informations : comites@ccifr.ru