Le 16 février 2018, dans le cadre de la conférence de la CCI France Russie sur la transformation numérique, le directeur général d’IBM Russie et CEI, Andreï Filatov, consacrait son intervention aux modifications apportées par la révolution numérique dans le secteur bancaire.
Mais au fond, pourquoi parler des banques à une conférence numérique ? « Les banques ont été les premières à découvrir les opportunités offertes par l’économie numérique, et à se trouver confrontées aux risques liés à la vitesse d’évolution des technologies et à leur exploitation par la concurrence », a-t-il déclaré pour se justifier.
Les innovations digitales sont en train de bouleverser tous les secteurs. De nouveaux acteurs apparaissent sur le marché bancaire et le modifient en profondeur. « Il s’agit généralement de start-up qui se sont concentrées, dès le départ, sur les possibilités offertes par le numérique, a fait remarquer Andreï Filatov. À l’avenir, elles pourraient sérieusement menacer les géants actuels. Cela oblige évidemment les leaders du secteur à accélérer. »
Selon un sondage de l’Institute for Business Value (IBV) d’IBM, 66 % des directeurs de banques et des financiers évoquent un prochain remplacement des chaînes de valeur actuelles. Les séparations entre secteurs s’effacent pour 57 % des sondés. Et ils sont 61 % à considérer que la concurrence peut venir de n’importe où. Par exemple, des opérateurs télécoms.
Face à cette situation, les banques évoluent vers de nouvelles formes de modèles d’entreprise prenant en compte les écosystèmes. De nouveaux rôles apparaissent :
- acteur de niche : entretenir des relations étroites avec les clients, leur proposer des services ciblées ;
- distributeur : développer des partenariats avec d’autres prestataires, et proposer des offres compilant les solutions de divers acteurs de l’écosystème ;
- fabrique : créer les conditions favorables au développement d’autres acteurs de l’écosystème.
Du reste, une banque peut endosser différents rôles en même temps. Par exemple, développer une relation client forte et un véritable savoir-faire, tout en attirant les acteurs de différents segments contigus et en mettant en place des partenariats financiers efficaces.
Le succès d’une telle stratégie tient aux capacités des banques à se donner les moyens de leurs ambitions. Cela passe, en premier lieu, par la transformation numérique des processus métier, et notamment : numérisation de l’interface client, définition d’une stratégie englobant tout l’écosystème, restructuration radicale du back-office. Sans oublier la cybersécurité, que le passage au tout-numérique, surtout dans le secteur bancaire, place au premier plan. « Chaque entrepreneur doit se poser cette question : est-ce que mon entreprise est prête pour la transformation digitale, prête à affronter les risques qu’elle implique ? », a souligné le directeur général d’IBM Russie et CEI.
Aujourd’hui, le bien le plus précieux des banques est constitué par les données (clients, opérations, etc.). Le développement de l’analyse des données tend à prendre le pas sur la modernisation routinière des processus technologiques. Le recours à l’intelligence artificielle permettra bientôt de récolter et d’analyser d’importants volumes informationnels et d’en déduire les préférences des consommateurs et leurs comportements. Encore un outil à la disposition des banques dans leur course à la compétitivité dans un monde de plus en plus numérisé.