Le mardi 19 mai, la CCI France Russie a organisé pour la troisième fois une discussion ouverte en ligne avec l’Ambassadeur de France en Russie. Plus de 120 personnes ont participé à cette ligne directe entre Moscou et Paris.

Pierre Lévy, Ambassadeur de France en Russie, Claire Cheremetinski, Cheffe du Service des affaires bilatérales et de l’internationalisation des entreprises au Ministère de l’Économie, des Finances, de l’Action et des Comptes Publics, Jan Koscinski, Responsable de zone – Allemagne, Europe centrale et orientale, Russie, Caucase chez Bpifrance, Jean-Jacques Guillaudeau, Chef du service économique régional par intérim de l’Ambassade de France en Russie et Emmanuel Quidet, Président de la CCI France Russie sont intervenus à tour de rôle pour donner des informations sur la situation et répondre aux questions des participants.

En ouverture, le président de la CCI France Russie a indiqué qu’il avait participé auparavant à une réunion avec les représentants des autres chambres de commerce et d’industrie étrangères en Russie. Plusieurs questions ont été abordées. Le premier problème qui ressort concerne l’impossibilité pour les entreprises de bénéficier des mesures gouvernementales de soutien économique dans le cas où ces entreprises sont des filiales d’une société étrangère.

Il a aussi rappelé la situation difficile des VKS qui ne peuvent toujours pas rentrer sur le territoire russe. La CCI France Russie prépare actuellement une liste rassemblant les personnes en VKS souhaitant rentrer en Russie pour la soumettre aux autorités compétentes.

De plus, Emmanuel Quidet a évoqué le cas de Philippe Delpal dont la situation s’est compliquée depuis deux semaines. Le dossier est toujours suivi de près par l’Ambassade.

Pierre Lévy, Ambassadeur de France en Russie, a pris la parole pour rappeler qu’il était très important de garder le contact avec les différents acteurs en France et en Russie, comme le permettait la conférence d’aujourd’hui. Il a donné quelques indications  sur la pandémie de COVID-19 en Russie et a noté les interrogations que suscitait le nombre limité de décès, en comparaison des autres pays connaissant une dynamique épidémiologique similaire. Cette crise aura incontestablement un impact important sur l’économie du pays.

Les liaisons aériennes devraient reprendre peu à peu à partir de juin, mais le retour des Français dans l’hexagone se fera de manière organisée et dans les conditions précisées par Jean-Yves Le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères,  dans son interview donnée le même jour à LCI. La cellule téléphonique de l’Ambassade est toujours active et disponible pour répondre aux questions des Français en Russie. Il est toujours possible de joindre l’équipe de l’Ambassade et du Consulat au +7 495 937 14 91. L’Ambassadeur a aussi rappelé que l’affaire Philippe Delpal reste suivie de très près par l’ambassade et par les autorités françaises à haut niveau.

Depuis Paris, Claire Cheremetinski a détaillé les mesures mises en place par le gouvernement français pour soutenir les exportations des entreprises françaises et leur développement à l’international. Sur le plan du financement, le ministère a élargi et assoupli les conditions pour avoir accès aux dispositifs d’aide. Elle a souligné le travail de la Team France Export qui offre aussi des actions d’accompagnement et du soutien non-financier. « L’objectif est que nos entreprises perdent le moins de terrain possible pour ne pas laisser leurs parts de marché » au profit d’autres pays. Claire Cheremetinski partage l’avis général sur le fait que les entreprises françaises en Russie sont victimes de discrimination au regard de l’accès aux aides russes.

Jan Koscinski a rappelé que le rôle de Bpifrance est d’accompagner les entreprises françaises à travers des crédits, des garanties financières, des aides à l’innovation, etc…  Il a expliqué le principe du prêt garanti par l’État que les entreprises peuvent souscrire depuis la France. Bpifrance propose de nombreuses solutions disponibles aux différentes étapes du développement d’une société : assurance prospection, financement export, assurance change, crédit export… Vous pouvez consulter les solutions de Bpifrance sur leur site ou contacter Jan Koscinski par mail : jan.koscinski@bpifrance.fr.

Jean-Jacques Guillaudeau juge la réponse russe à la crise économique « relativement faible ». Il a partagé son point de vue sur la situation macroéconomique et la politique économique russe. Par ailleurs, il est revenu sur les résultats de l’enquête auprès des entreprises françaises en Russie pour mesurer l’impact de la crise sur leurs activités. « 96% des entreprises françaises en Russie disent avoir été touchées par la crise », et « 40% des répondants ont vu leur chiffre d’affaires baisser de moitié ou plus en mars-avril ». La fermeture des frontières et le faible cours du rouble ont également eu un impact négatif sur les affaires. Les entreprises ayant une activité répartie sur plusieurs régions ont moins souffert des restrictions.

Les intervenants ont ensuite répondu aux questions des participants.

Sébastien Vilmot, Directeur général de Moët Hennessy a évoqué une nouvelle loi russe prochainement en vigueur sur l’étiquetage du vin et des spiritueux en provenance de l’étranger. Alexandre Martinez, Conseiller agricole régional a expliqué que la problématique avait été portée au niveau de l’Union Européenne. Un courrier a été envoyé en partenariat avec d’autres pays pour obtenir un report de l’entrée en vigueur de cette loi. L’Ambassade suit de près ce dossier.

Pavel Chinsky a rappelé « les réticences des banques françaises à ouvrir des comptes à d’éventuels investisseurs russes ». Selon Claire Cheremetinski, il n’y a pas plus de difficultés en France qu’ailleurs en Europe pour les Russes. Les délais et procédures sont rallongés, mais cela n’est pas impossible, selon elle, d’ouvrir un compte.

Anton Chudaev, Directeur général de POMA Russie CIS, a rappelé que sa société préparait l’ouverture d’une usine dans le Caucase. Il a proposé à l’Ambassadeur de rencontrer Mikhail Babich, « Numéro 2 du ministère de l’Economie russe » car il est très actif et peut apporter son soutien dans divers projets.

Patrick Longuet est le fondateur de la chaîne Boulangerie François à Moscou. Sa société ne peut pas avoir accès aux aides russes car il s’agit d’une filiale d’une société française. Jan Koscinski lui a conseillé de contacter sa banque en France pour avoir des informations sur le prêt garanti par l’État.

Concernant l’intérêt pour une entreprise d’être sur la liste des « entreprises systémiques » dressée par les autorités russes, Yves Caracatzanis, Président d’AvtoVAZ, a mis en avant les différents avantages. La présence sur cette liste est utile. Elle facilite les relations avec les gouverneurs des régions, par exemple, mais peut amener des inconvénients administratifs.

L’Ambassadeur a conclu la discussion en rappelant les différentes pistes en cours pour faire évoluer la situation concernant la discrimination dont les sociétés étrangères sont victimes pour l’accès aux aides publiques russes. Il a évoqué la possibilité de rédiger un livre blanc sur la contribution des entreprises françaises à l’économie russe. Emmanuel Quidet a approuvé cette idée.

La hotline organisée par la CCI France Russie fonctionne toujours activement (hotline@ccifr.ru) afin de répondre aux questions concernant les différents aspects de la crise.